mercredi 27 novembre 2013

Les atomes crochus

Moi avant (avant voulant dire en même temps avant New-York et avant d'avoir des gosses) je n'avais jamais réfléchi à la manière de se faire des copains.
J'ai toujours eu des potes. Les uns se rajoutant aux autres, les autres devenant potes avec les uns et engendrant une bande aux contours plus ou moins flous de joyeux lurons toujours prêts à festoyer.


Puis j'ai déboulé à l'étranger. 
Tout d'un coup tu te rends compte que t'as pas de pote, et que tu n'es pas du tout sur la bonne voie pour en avoir.
Là, forcément tu déprimes. Tu te poses des questions. Tu dissèques chaque rencontre de ta vie d'avant. "Mais comment je faisais bordel! C'était facile pourtant!"
Tu te dis que c'est pas grave, de toutes façons t'en a plein des potes. C'est vrai qu'ils sont à six milles bornes de chez toi mais tu les aimes. Et puis finalement peut-être que ton amoureux (qui peut carrément faire office de pote quand il faut) et tes enfants (qui peuvent être assez drôles quelquefois) peuvent te suffire.
C'est tellement mainstream les amis après tout! C'est décidé, tu t'en sortiras très bien sans pote.

Passés quelques mois, il faut se rendre à l'évidence. La vie sans copains ce n'est pas que c'est triste ou ennuyeux. C'est juste que c'est pas possible.
Donc tu décides de ne pas te laisser dépérir et tu reprends du poil de la bête.
Là tu comprends qu'il faut peut-être être d'accord pour rencontrer des gens différemment : sans la fulgurance, sans l'évidence mais de manière objective et pragmatique.
La première étape va être de trouver tes pairs.
Alors attention à l'erreur du débutant: tous les français ne sont pas tes pairs. C'est vrai en France. Figure toi que c'est vrai aussi ici. 
Mais le fait d'être français est juste une entrée en matière, un démarrage. Faut bien commencer par quelque chose. C'est vrai que j'aurais pu choisir d'entrer en contact avec tous ceux qui mettent des pantalons verts ou tous ceux qui ne boivent jamais le fond de leurs tasses de café. Je me suis dit que ça me compliquerai peut-être la tâche.

La rencontre se fait souvent au playground (oublie les bars, les bringues et tous ces lieux alcoolisés. Je te fais pas un dessin : t'as des gosses et pas de potes. Donc t'y vas pas dans des endroits comme ça).


On ne se repère pas du premier coup d'oeil mais presque. D'ailleurs, je ne sais pas vraiment à quoi ça tient: une dégaine, un bouquin qui dépasse du sac, la marque des pompes du gosse...
Et puis fatalement vient le: "Barnabééééé, arrêêêêêêteuh".
Là, tu souris, forcément. Tiens, une compatriote qui hurle comme toi (vous êtes les seules dans le playground à user de ce ton péremptoire sur vos gosses). Alors viens l'approche timide. Après quelques sourires de connivence vient souvent un discret bonjour. A partir de là soit il ne se passe rien (end of the story), soit une suite réglementée de questions se met en place afin de déterminer si oui ou non tu vas finir par picoler avec la compatriote.

Par ordre d'apparition:

Ça fait combien de temps que vous êtes arrivés?
Moi ça y'est, avec mes presque deux ans d'ancienneté, je rentre dans les "normales" : ni vieille routarde de New-York, ni jeunette à peine déboulée de JFK, mon cas ne fait plus sourciller personne.  
Les nouvelles, forcément tu les aimes bien, elles sont comme toi y'a pas si longtemps "ben nous on est arrivés y'a cinq semaines", "et... ça va?" " Ouais ouais super, génial, ouaw, c'est foufoufou!"
Les anciennes tu les respectes (elles te dénichent des bons plans et elles savent tout sur tout): "ben nous ça fait 5 ans qu'on est là" "ah ouais quand même!" "ouais puis avant on était à San Fransisco pendant 2 ans" "..." "et avant on était au Kansas" "ah...".

z'habitez dans le quartier?
Tu attends la réponse fébrilement parce qu'il ne faut pas se mentir : loin des yeux loin du coeur. Si tu dois te taper une heure de métro pour aller boire un café avec une copine, ben ça risque de pas trop être ta copine. (Tu remarqueras que cette théorie ne marche absolument pas sur les potes qui sont à 6000 km, eux c'est quand même tes potes. Mais par contre vous buvez pas de café ensemble.)

z'ont quels âges tes nains?
Là en général tu ne cours pas trop de risques parce que vu que t'es dans un playground y'a peu de chance que tu tombes sur une moeuf qui a un môme de 17 piges. Donc en gros vous avez des gosses dans une même tranche d'âge. Ça fait un point en commun déjà.

... et sinon... ils vont à l'école? 
Bon moi avec ça je suis cool, je rentre dans deux catégories (deux fois plus de chance de se faire des potes): les à peu près dispo (nain à l'école) et les relous qui sont toujours accompagnées d'une poussette (nain à la casa).
Bon après t'as toujours des hors-catégories genre enfants scolarisés, qui sont inscrits à l'after-school tous les jours et disposant d'une nounou ou bien l'inverse trois gosses à la maison non stop, homeschooling et couches lavables. Bon là... forcément, tu joues pas, elles sont pas dispos celles là de toutes manières.

Vous savez combien de temps vous restez?
T'as celle qui sait : elle ou son mari (ok son mari. Un jour quand même j'écrirais quelque chose sur ce fait mystérieux qui fait que ce sont TOUJOURS les moeufs qui suivent leurs mecs pour partir à l'aventure à l'étranger) a un contrat d'expat avec une durée définie, basta dans 2 ans on rentre à Paname. Et puis t'as l'autre (moi en l'occurrence): son mari est en contrat local et elle te dis "ben... on verra... on sait pas trop"

c'est quoi vot' visa?
(ça arrive que cette discussion sur les visa fasse quasiment l'objet d'une soirée entière : chiantissime mais instructif quand même.)
Bon là encore plusieurs catégories: celle qui est sur la corde raide comme moi a un visa précaire (temps limité et/ou interdiction de bosser), elle a donc une vision de son futur à 2 mois et vis plus ou moins dans les cartons.
La trop maline, elle, s'est marié avec un américain.
La détentrice d'une carte verte c'est celle que tu kiffes grave (mais OUAWWW, vas y comment vous avez fait?!?! ah tu l'as gagnée à la lottery... mouais...)
Et pour finir la hors catégorie a un visa genre Nations Unies, diplomate ou des trucs comme ça. Des comme ça c'est rare d'en rencontrer. Quand ça t'arrive tu l'observes bien parce que tu sais que tu risques de ne pas la revoir de sitôt. Elle fait évidemment partie aussi de celles qui n'habitent pas du tout dans ton quartier.


Après ces six questions, tu dois être en capacité de juger si ça vaut le coup ou non d'entamer une relation plus poussée. Et si le cas échéant tu passes à la seconde étape.
La seconde étape en général c'est un café ou un goûter chez l'une d'entre nous.

Alors je sais. Ça peut paraître rébarbatif ce genre de sauterie (si, si, un goûter ça fait moyen envie, je le sais) mais il faut y voir plusieurs points positifs:
d'abord si tu as la chance comme moi d'être copine avec la moeuf d'un pâtissier, les goûters ils déchirent (macarons délicieux, palets au chocolat qui rendent dingue, mille-feuilles qui font pleurer...) et rien que pour ça t'auras gagné ton aprèm.

Si t'as pas la chance d'être invité aux goûters chez Nath, tu peux déguster ce genre de mignoneries à Mille-Feuille

Ensuite, t'y vas avec ta progéniture, c'est fait pour, t'as pas besoin de t'organiser, ton nain est content. Tout va bien.
Et pour finir, c'est court, tu risques pas grand chose si t'as mal fait ton boulot filtrant avant.

D'un autre côté, c'est un goûter hein, donc tu picoles pas (non tu ne bois pas de l'alcool avec quelqu'un que tu rencontres pour la première fois à 4 heures de l'aprèm, ça ne se fait pas du tout) et en plus t'as tes nains.
En conséquence de quoi tu ne rentres pas dans les détails lors de cette première rencontre. Juste tu donnes une esquisse de toi même et tu chopes une image un peu floue de l'autre. Mais peut-être c'est le départ d'un truc, tu sais pas. Alors comme t'aimes bien bringuer et que pour bringuer c'est plus sympa d'être à plusieurs, t'y vas à fond. On sait jamais...
Si ça se trouve Thelma & Louise elles se sont rencontrées en bouffant des macarons. Tu voudrais pas passer à côté de quelque chose.

Les discussions sont décousues, le fil est difficile à tenir, chacune fait ce qu'elle peut : "tient prend l'ardoise magique, oui donc on était à Paris avant" "mange un gâteau au chocolat mon coeur, ouais c'est un H1B notre visa" "oh oui c'est un très joli dessin, on est là depuis un an et demi à peu près"...
Tu mets juste un peu plus de temps qu'il y a quelques années. 

Alors après peut-être vous vous revoyez pour un deuxième goûter ou un café pour approfondir et puis après moult mails et autres discussions sur les calendriers respectifs peut-être vous irez boire un pot dans un bar.

Alors les moeufs, moi ce que je propose c'est qu'on passe directement à l'étape troquet. Parce que les enfants c'est mignon (non c'est vrai souvent c'est mignon) mais par contre ça fait comme des interférences, et on met un temps infini à entrer dans le vif du sujet... 

Alors Let's have a drink, girls!

mardi 5 novembre 2013

Election day is not a school day...

Aujourd'hui c'était Election Day à New-York. Alors moi bien sûr je ne vote pas, sinon, évidemment, j'aurais voté pour celui qui dit qu'il va prendre de la thune aux riches pour faire des crèches.
Je suis assez basique souvent comme nana.
Qui dit Election Day dit nain at home puisque ici la votation se fait en semaine et dans les écoles (publiques). Et qui dit nain at home dit fait péter les activités sous peine d'appart retourné avant la tombée de la nuit.
Donc en tant que mummy qui assure grave j'avais concocté une petite balade à ma charmante descendance qui en plus de lui avoir drôlement plu m'a valu le bonheur de la voir se pieuter sans broncher à 7 heures pétantes tout exténuée qu'elle était.

Pour ne rien te cacher, on n'a pas été super originaux, on est allé voir des feuilles mortes. Mais ici, tu l'auras compris, elles envoient grave le bois les feuilles mortes.

On a traversé Prospect Park pour aller jusqu'au Jardin botanique (pour info, le mardi c'est gratos). Puis de là on s'est fait une petite pause à la Public Librairy, histoire de bouquiner un peu et de se réchauffer le bout des doigts. Et on est reparti guilleret vers la maison en longeant le park et en se racontant des histoires d'Astérix mais surtout d'Obélix qui était "tombé dans le chaudron magique cet idiot".

On n'a pas trouvé de champignons... mais c'était tout comme. Manquait quand même un petit feu de cheminée en rentrant...











Les petites infos c'est par là:  Brooklyn Botanic Garden , Prospect Park, Brooklyn Public Library